Développement du microbiote chez le poulain
24.07.2023 -
La compréhension de leurs fonctionnements, étudiée depuis des années, est désormais un sujet très actuel.
L’intestin et son microbiote sont au cœur des sujets de réflexion. Dans son livre « Le charme discret de l’intestin », Giulia Enders explique, avec clarté et humour, leurs fonctionnements. Elle parle de ces deux éléments comme d’un « deuxième cerveau », tant ils joueraient un rôle important dans de nombreuses fonctions de l’organisme.
L’intestin et son microbiote seraient impliqués dans des problèmes cutanés et de surpoids, ou des affections telles que la dépression, l’autisme, etc… et influent sur les fonctions métaboliques, neurologiques et immunitaires.
En nutrition équine, cela fait déjà plusieurs années que la recherche s’attarde sur la compréhension du microbiote intestinal ce qui a permis de lui découvrir d’autres fonctions que sa fonction de digestion. En effet, chez le cheval le microbiote gastro-intestinal joue un rôle dans la digestion mais également dans les fonctions métaboliques, neurologiques et immunitaires.
Chez les équidés, comme chez tous les mammifères, la mise en place du microbiote chez le nouveau-né est cruciale et déterminante pour la santé et les performances digestives du futur adulte. En effet, 60 % des poulains subissent des déséquilibres de la flore intestinale et des diarrhées pendant les 6 premiers mois.
Il est essentiel d’implanter des micro-organismes dans le système intestinal, dès les premières de vie du poulain, pour maintenir la bonne santé.
Comment le mettre en place ?
Comment favoriser son développement ?
Découvrez notre article GIBSON RIVERS, basé sur des données scientifiques.
Cet article se base sur des données scientifiques, notamment celles présentées par la professeure Véronique Julliand, lors du congrès de Nutrition Equine organisé en novembre 2018 par la société Lab To Field.
1. Le microbiote gastro-intestinal c’est quoi ?
2. Le stade fœtus : première implantation du microbiote chez le poulain
3. Les premières semaines de vie : phase capitale de l’implantation du microbiote chez le poulain
4. L’impact de l’alimentation sur le développement du microbiote intestinal
5. Les conseils de GIBSON RIVERS pour favoriser l’implantation du microbiote du poulain
1. Le microbiote gastro-intestinal c’est quoi ?
Il regroupe tous les micro-organismes de la bouche à la fin du gros intestin, soit tout au long du tractus gastro-intestinal. La population microbienne de chaque organe est spécifique et adaptée aux conditions environnementales (température, humidité, pH, présence ou absence d’oxygène) et aux fonctions de l’organe (dégradation et assimilation des fibres, de l’amidon, etc.).
Le microbiote est constitué de bactéries, de champignons, de protozoaires et de nombreuses autres formes de micro-organismes.
C’est dans le gros intestin que le nombre de micro-organismes est le plus important, étant le siège de l’activité microbienne. Ici, tous les micro-organismes interagissent entre eux, faisant du gros intestin un écosystème complexe, fragile et sujet à un déséquilibre lorsqu’il y a une variation de sa population (bactéries, virus, pathogènes) mais aussi de son environnement (variation de pH par exemple).
Plusieurs milliers d’espèces différentes ont déjà été identifiées, mais une étude récente réalisée par les équipes de recherche de Dijon, montre que 98% des espèces bactériennes sont inconnues. En conclusion, il y a qu’il y a probablement des fonctions des micro-organismes encore inconnues dans la digestion et d’autres fonctions physiologiques.
2. Le stade fœtus : première implantation du microbiote chez le poulain
Plusieurs études ont montré que le microbiote se mettait en place dès la phase de gestation, à l’état de fœtus. En effet, des bactéries commensales ont été retrouvées dans le méconium du poulain (première fèces), ce qui soutiendrait l’hypothèse d’un transfert de bactéries entre le fœtus et sa mère pendant la gestation. Ce transfert, via le cordon ombilical, mais aussi via la glande mammaire, serait nécessaire à la protection immunitaire du poulain et sa survie pendant ses premières heures de vie.
D’autres sources de contamination, par les fèces maternelles et les bactéries vaginales pendant le poulinage, seraient une source supplémentaire de bactéries nécessaires au bon développement du microbiote. Toutefois, 12 heures après le poulinage, il n’y a qu’une faible similarité (9%) entre le microbiote du poulain et celui de la jument.
3. Les premières semaines de vie : phase capitale de l’implantation du microbiote chez le poulain x
Le développement du microbiote progresse par étapes dès les premiers jours de vie. La colonisation bactérienne durant cette période est issue de la mère et de l’environnement.
La colonisation par la mère, provient majoritairement de l’allaitement. Le lait maternel est donc une source majeure de l’implantation du microbiote chez le poulain nouveau-né.
Cette colonisation des les premiers jours permet le développement important du microbiote, comme par exemple l’apparition de bactéries cellulolytiques dès le deuxième jour de vie, soit bien avant la consommation d’aliments solides. Elle permet aussi le développement des premières traces des fonctions digestives chez le poulain. Dès le poulinage, ces bactéries assurent la digestion des nutriments du lait. Au bout d’un mois, la diversification des bactéries dans les fèces du poulain est proche de celle contenue dans les fèces de la mère. Grâce à cette mise en place bactérienne, le poulain est capable de dégrader et digérer les composés complexes, notamment des végétaux (cellulose, hémicellulose, amidon). Ces changements sont en phase avec le début de l’alimentation solide chez le poulain avec l’ingestion d’herbe, de foin ou de céréales. A cinq semaines, le poulain pâture ou mange des aliments solides à hauteur de 20% de son temps.
Dans des travaux de recherche menés par les chercheurs de Dijon, une corrélation entre le poids vif du poulain et les bactéries fibrolytiques a été établie, démontrant l’importance des végétaux comme source de nutriments, essentielle à la croissance du poulain.
4. L’impact de l’alimentation sur le développement du microbiote intestinal
D’après plusieurs études et notamment celles de Véronique Julliand, le microbiote intestinal se met en place dès le plus jeune âge. Le bon déroulement de cette mise en place impactera par la suite le futur cheval adulte tout au long de sa vie.
Il y a deux phases cruciales à retenir dans la mise en place du microbiote :
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Les deux premiers jours de vie via l’implantation de bactéries pionnières
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Le premier mois de vie via l’implantation de la flore fibrolytique
L’alimentation du poulain mais celle de la mère ont un impact significatif sur la mise en place du microbiote au cours de ces deux périodes.
La bonne gestion de l’alimentation de la mère et du poulain sont deux leviers d’action pour optimiser et accélérer la mise en place de la flore fibrolytique. Ils sont encore plus importants chez les poulains orphelins ou pour avec les juments ayant une faible production laitière. Dans ces deux cas, il est important de complémenter le poulain en aliment solide.
En ce qui concerne l’alimentation de la mère, il semblerait qu’il soit possible d’influencer la résistance de la flore microbienne chez le poulain, dès le stade de gestation, en ajoutant des fibres solubles (coques de soja, pulpe de betterave…). Cela permettrait de limiter l’apparition de diarrhées chez le poulain.
Par ailleurs au stade de lactation, une supplémentation en produits fermentés dans l’alimentation de la mère permettrait une colonisation précoce de bactéries, facilitant la digestion du lait (bactéries utilisatrices de lactate). L’alimentation de la mère, via la composition du lait, impacte indirectement l’implantation du microbiote du poulain et donc sa santé.
Pour l’alimentation du poulain, une étude de 1996 observe que les poulains ayant reçu du colostrum artificiel, auraient une implantation retardée des bactéries cellulolytiques qui permettent la digestion des fibres (en comparaison du poulain ayant reçu du colostrum maternel).
Chez les poulains orphelins, il est conseillé de distribuer un colostrum maternel (congelé ou banque de colostrum). Si cela n’est pas possible, le colostrum artificiel doit être distribué le plus tôt possible, de façon répétée, afin de favoriser au mieux la mise en place de la flore bactérienne dans le gros intestin du poulain.
5. Les conseils de GIBSON RIVERS pour favoriser l’implantation du microbiote du poulain
Pour la poulinière en phase de gestation :
Il est conseillé de privilégier une alimentation équilibrée, riches en fibres, notamment en fibres solubles en distribuant des aliments avec par exemple des coques de soja ou de la pulpe. La supplémentation en produit fermenté comme EDHYA FORM , pendant la gestation, plus particulièrement au cours des derniers mois, favorise l’implantation du microbiote chez le fœtus.
L’utilisation d’un aliment élevage tel que Origine Breeding ou Origine Elevage n’est nécessaire qu’à partir du 8ème mois. Durant les premiers mois de gestation et jusqu’au 8ème mois, la distribution d’un aliment classique pour chevaux adultes tel que le Authentique Fibre est suffisant pour les poulinières suitées l’année précédente.
Pour la poulinière en phase de lactation :
Il est recommandé d’utiliser un aliment de la gamme élevage jusqu’à la fin de la lactation. Si possible, utilisez le même que celui distribué en fin de gestation.
Il est important de monter progressivement les quantités pour atteindre un pic au cours du deuxième mois de lactation. C’est au cours des 3 premiers mois de lactation que les besoins de la jument en protéines, en énergie et en minéraux doublent. Il convient d’adapté en conséquences l’alimentation selon les valeurs nutritionnelles de l’aliment distribué mais aussi la qualité et la quantité des fourrages à disposition. Contactez votre conseiller GIBSON RIVERS pour vous préconiser le bon plan.
Pour le poulain :
Pour rappel, le lait maternel représente la première source d’énergie du poulain. Sa qualité et sa quantité sont conditionnées par l’alimentation de la mère (cf. paragraphe précédent).
La seconde source d’énergie du poulain est contenue dans les fourrages à disposition (herbe, foin). Il est important de distribuer les fourrages les plus équilibrés et les plus sains, avce un pâturage le plus tôt possible et en continu.
Il est également possible de compléter avec des produits fermentés comme le FLORE’EDHYA (ou KIT POULAIN) soutient le développement du microbiote chez le poulain.
Enfin, selon les objectifs de croissance, un aliment premier âge et un programme de complémentation adapté peut être mis en place.
Article inspiré de la présentation de la Professeure Véronique Julliand lors du Congrès Lab To Field (2018).
Autres sources :
Martin-Rosset, W. et coord. 2012. Alimentation des chevaux. Paris : Editions Quae.
NRC (Comittee on Nutrient Requirements of Hors), 2007. Nutrient Requirement of Horses : Sixth Revised Edition. 6ème edition. Washington, D.C. : The National Academies Press.
Costa, M.C. et al. 2016. Development of the faecal microbiota in foals. Equine Veterinary Journal 48 (6) : 681-688.