Amidon et sucres : quels impacts pour la santé du cheval ?

23.02.2024 -

Le cheval est un herbivore. Sa ration est principalement composée de fibres dont il tire son énergie. Le cheval est capable d'utiliser d'autres substrats énergétiques, comme les sucres et l'amidon. Cependant, ces deux composés, s'ils sont apportés en excès, peuvent être à l'origine de dysfonctionnements métaboliques et d'impacter la santé du cheval.

 

GIBSON RIVERS vous propose de faire le point

 

 

SOMMAIRE :

Les sucres et l'amidon dans l'alimentation du cheval : pourquoi les gérer ?

Quelles sont les différentes sources d'énergie chez le cheval ?

Digestibilité de l'amidon et influence des traitements technologiques

Risques et gestion des apports de sucres et d'amidon chez le cheval

Ce qu'il faut retenir sur l'amidon et les sucres dans la ration du cheval et les conseils de GIBSON RIVERS

 

Les sucres et l'amidon dans l'alimentation du cheval : pourquoi les gérer ?

Les fibres représentent la principale source d'énergie disponible dans la ration chez le cheval. Il est capable de tirer l'énergie contenue dans les céréales et les matières grasses.

Ces deux matières sont intéressantes pour la complémentation du cheval dans le cas où ses besoins nutritionnels augmentent (ex : sécheresse et accès limité aux fibres, reproduction, exercices physiques…).

 

Dans les cas où il est nécessaire de compléter son cheval, l'apport d'énergie complémentaire doit alors être réfléchi pour couvrir les besoins, sans impacter le bien-être et la santé.

En effet, est de montré dans la littérature scientifique, qu'un apport trop important de sucres simples ou d'amidon peut faire apparaître des troubles, des digestifs comme les coliques ou les ulcères.

Il est essentiel d'adapter les formes et les sources d'énergie dans la ration pour les éviter.

 

 

Quelles sont les différentes sources d'énergie chez le cheval ?

Les fourrages et l'herbe couvrent la majorité des besoins du cheval et représentent la première source d'énergie dans son alimentation. Comme tout herbivore, le cheval est capable de digérer les glucides complexes des parois végétales (glucides structuraux) qui sont composés de très longues chaînes de sucres (cellulose, hémicellulose, pectines).

Au sein du gros intestin, les bactéries fibrolytiques, capables de dégrader ces composants, réalisent une fermentation lente des fibres. Cette fermentation entraîne la production d' acides gras volatils à chaînes courtes (AGCC) , premier substrat énergétique du cheval. Il a ainsi accès à une source d'énergie abondante et continue.

 

 

Les céréales sont une seconde source d'énergie pour le cheval, la plus utilisée chez le cheval athlète. En effet, il est capable d'utiliser le contenu d'amidon dans les céréales comme substrat énergétique.

 

L'amidon est un complexe glucidique, présent en grande quantité dans les céréales. Il fait partie des glucides non structurels. Sa digestion se déroule en deux étapes. Il est fermenté dans l'estomac par des bactéries amylolytiques. La fraction qui n'est pas dégradée dans l'estomac est ensuite transformée en glucose par les enzymes α-amylases dans l'intestin grêle. Le glucose , comme les autres sucres simples, est ensuite absorbé et passe dans le sang.

 

Le cheval, en comparaison avec d'autres espèces monogastriques, a une capacité de digestion de l'amidon dans l'estomac et l'intestin grêle limitée. Lorsque la quantité d'amidon est trop importante (ex : apport important de céréales), il est fermenté par des bactéries dans le gros intestin.

Cette fermentation peut entraîner des troubles intestinaux.

Les lipides représentent la troisième source d'énergie que le cheval est capable de valoriser. Ils sont généralement peu présents dans les régimes alimentaires de bases. Les lipides sont principalement digérés dans l'intestin grêle où les enzymes lipases vont transformer les triglycérides en acides gras longs (AG). Ces acides gras longs sont ensuite absorbés et disponibles comme substrat énergétique.

 

Digestibilité de l'amidon et influence des traitements technologiques

Même si la principale source d'amidon est la céréale, chaque céréale possède une construction de la molécule d'amidon bien précise et différenciée d'une céréale à l'autre.

Par exemple, cette construction diffère selon les différentes chaines de glucoses qui composent la molécule d’amidon ramifiée (amylopectine) ou linéaire (amylose). Ces différentes architectures impactent la manière dont l’amidon sera digéré dans l’intestin grêle. L’avoine contient la forme d’amidon la plus digeste pour le cheval, suivi de près par le blé. L’orge et le maïs viennent à la suite.

La digestibilité de l’amidon du maïs dépend également de la variété utilisée : les variétés tardives possèdent un amidon plus digeste que les variétés précoces.

Les traitements technologiques influent sur la digestibilité de l’amidon des céréales. En on distingue trois catégories :

-        Thermique (chaleur sèche) : toastage, extrusion, expansion

-        Mécanique : aplatissage, concassage, broyage

-        Thermomécanique (chaleur humide) : granulation, floconnage

Ils augmentent la digestibilité de l’amidon de la céréale, notamment pour celles ayant l’amidon le moins digeste (orge et maïs). Le flaconnage est le plus utilisé dans l’alimentation du cheval car il augmente significativement la digestibilité de l’amidon.

 

 

Risques et gestion des apports de sucres et d’amidon chez le cheval

 

Risque et gestion au niveau de l’estomac

Un apport trop important de céréales, et donc d’amidon au niveau de l’estomac, allonge de plusieurs heures la rétention de l’estomac, entrainant une fermentation gastrique intense.

L’ingestion d’une grande quantité d’amidon entraîne aussi une diminution du pH par la sécrétion continue d’acide chlorhydrique. Lorsque le pH baisse en-dessous de 4, les AGCC produits par la fermentation de l’amidon sont sous-forme néfastes pour la muqueuse squameuse de l’estomac.

C’est la partie supérieure de l’estomac, non-protégée par le mucus protecteur, qui est sensible à ce dysfonctionnement cellulaire. Cela peut entraîner des lésions sur la muqueuse squameuse, avec l’apparition d’ulcères.

 

Pour éviter le risque de lésions ulcéreuses sur la muqueuse squameuse, il est conseillé de limiter les quantités d’amidon à 500 g par repas (pour un cheval de 500 kg), soit 1 gramme d’amidon par kilo de poids vif (PV), et réduire au maximum les périodes de jeune. Distribuer en parallèle un aliment avec un fort pouvoir tampon pour réduire le risque de problèmes (ex : luzerne).

 

Risque et gestion au niveau de l’intestin

Dans l’intestin grêle, et dans un cas normal, la digestion de l’amidon entraine une augmentation de la glycémie due à la production de glucose. De l’insuline est produite pour faire rentrer le glucose dans les cellules.

 

Chez un cheval nourri avec un régime riche en amidon ou en sucres (céréales, mélasse, etc.), l’augmentation de la glycémie est plus forte, contrairement à un aliment plus pauvre comme la pulpe ou la luzerne, qui eux permettent de maintenir un taux de glucose plus stable.

 

 

 Figure 4 : Evolution de la glycémie après ingestion de différents aliments (Rodiek et al., 2007)

 

On pourrait croire que l’amidon digeste est plus adapté pour le cheval ; or l’amidon « digeste » signifie « fermentescible » faisant augmenter l’index glycémique (IG). L’IG caractérise la digestibilité enzymatique d’une source de glucides dans l’intestin grêle.

Les aliments qui contiennent le plus de glucides solubles libèrent plus facilement le glucose pendant la digestion avec un index glycémique plus élevé. Les rations ayant un IG élevé sont susceptibles d’entrainer le développement de pathologies plus ou moins graves, dues à des perturbations métaboliques et digestives (surpoids, nervosité et troubles du comportement, ulcères, myopathie chroniques ou coup de sang, pathologie osseuses (ostéochondrose), etc.).

 

Chez les chevaux ayant des troubles métaboliques tels que le syndrome métabolique équin, l’hyperlipémie, certains cas de Cushing, etc. et de insulinorésistance, il est conseillé de ne pas avoir de trop grandes variations de glycémie. Il faut privilégier les aliments à faible indice glycémique et apporter l’énergie par la matière grasse ou les fibres (exemple : AUTHENTIQUE SENSITIVE

Dans le gros intestin, l’apport d’une grande quantité d’amidon ou sucres entraîne une fermentation plus importante et une augmentation de la concentration en acide lactique. Elle entraine une acidification de l’intestin, appelée « acidose intestinale » et se manifeste par un déséquilibre du microbiote intestinal et des dysfonctionnements digestifs. La population de bactéries fibrolytiques chute, ces dernières ne supportant pas l’acidité, entrainent une diminution de la digestibilité des fibres. Ce phénomène peut être à l’origine de maladies, comme l’apparition de coliques.

Pour éviter ces pathologies, il est recommandé de limiter l’apport d’amidon dans la ration selon les besoins du cheval et de son activité afin d’apporter assez de fibres pour « nourrir » la flore intestinale. L’ajout de levures probiotiques permet de limiter le phénomène d’acidose.

 

Ecosystème intestinal et levures probiotiques 

Selon plusieurs études, l’apport de levures vivantes Saccharomyces cerevisiae dans la ration des équidés, améliore la digestibilité des fibres et limite l’acidose du gros intestin.

Cette levure à un effet probiotique, stimule la dégradation du lactate dans le gros intestin limitant l’acidification du milieu et le développement de pathologies associées.

 

Focus : La luzerne et son rôle protecteur de l’estomac

La luzerne, par sa composition biochimique, a un très fort pouvoir tampon. Sa consommation permett de limiter la baisse du pH gastrique, même en période de jeûne, entre les repas. Les études démontrent que la luzerne limite la fermentation de l’amidon dans l’estomac et donc, le développement d’ulcères.

 

 

 

Ce qu'il faut retenir sur l'amidon et les sucres dans la ration du cheval et les conseils de GIBSON RIVERS

L'amidon et les sucres sont des composants digestibles chez le cheval. Les excès entraînent des troubles gastro-intestinaux (coliques, ulcères, etc.). Il est essentiel de raisonner les quantités distribuées dans la ration mais aussi, de prendre en compte la digestibilité des sources d'amidon.

La règle à retenir pour les chevaux sans sensibilité aux troubles métaboliques est de 1 gramme par kg de PV (soit 500 g pour un cheval de 500 kg). Chez les chevaux sensibles aux ulcères ou aux coups de sang, il est préférable de ne pas dépasser le 0,5 g par kg de poids vif.

 

Le distributeur des rations essentiellement constituées de fourrages permet de maintenir une glycémie plus stable. Toutefois, chez les chevaux athlètes, il est nécessaire de les compléter avec un aliment à base de céréales.

 

Dans ce cas, il faut veiller à respecter les recommandations quantitatives et apporter plusieurs sources d'amidon plus ou moins digestes.

Multiplier le nombre de repas limite les quantités d'amidon ingérées et contribue au bon fonctionnement de la digestion.

 

Bien maîtriser l'amidon est une formidable source d'énergie pour le cheval athlète.

 

A lire également  :  Les fibres, composants indispensables à l'alimentation du cheval 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources 

Martin-Rosset, W. et coord. 2012. Alimentation des chevaux. Paris : Editions Quaé. 

NRC (Comité sur les besoins nutritionnels des chevaux), 2007. Besoins nutritionnels des chevaux : sixième édition révisée. 6 ème édition. Washington, DC : La Presse des Académies Nationales. 

 

Rodiek, A. et al. 2007. Indice glycémique de dix aliments courants pour chevaux. Journal of Equine Veterinary Science 27 (5) : p. 205-211.

 

 

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